...encore ce mal de crâne qui taraude ma cervelle...pour le moins dégradée par les vapeurs d'alcool et autres drogues...

La femme se releva péniblement en s'accoudant à un vieux tabouret en bois limé par le temps. il faisait sombre, l'odeur de ferraille lui empli les narines, la tirant de sa torpeur. le sang...l'endroit empestait ce limon qui coule dans les veines de tous ces indigents à qui elle avait arraché leur dernier souffle au fil de sa lame.

peu à peu, la migraine s'effaçait elle savait qu'il fallait être réactive dans ce milieu, les pourritures jouaient jusqu'à ce qu'un plus malin se joue d'elles; et elle n'avait pas prévu de croiser cet individu de si tôt.

trébuchant sur un corps mou, elle retomba, un bruit sourd retenti, étouffé par l'atmosphère lourde et enfumée. péniblement elle se releva, essayant tant bien que mal de rester d'aplomb, s'il l'observait, il saurait. il saurait qu'elle ne tiendrait pas une minute sous ses assauts.

elle sentait sa présence, obsédante, derrière chaque pilier de la salle, derrière chaque bout de tissu qui pendaient aux mur...il était là elle devait partir...vite!

s'assurant que sa rapière était toujours accrochée à ses flancs, elle déambulât parmi les restes informes et poisseux de ce qui avait dû être une bande de soiffards.

Abrutis tout comme elle par la bière, le scénario se répétait sans cesse, ils avaient cru qu'elle cherchait du réconfort, qu'elle avait quitté ses parents aux champs pour ne plus jamais revenir, qu'elle n'allait nulle part car ne venant de rien. ils avaient pris ses sourires pour des avances, ses yeux baissés pour de la soumission, son silence pour accord...mais ils avaient tords ...une main repoussée, puis deux, appuyée sur sa jambe couverte de cuir élimé, cette main n'appartenait déjà plus à son propriétaire, les dagues filaient, le sang commençait a éclabousser ses joues, ils hurlaient comme des porcs qu'on égorge, braillant à la folie de cette folle, criant aux gardes...

ses yeux ne lui faisait jamais défaut, ses oreilles étaient comme celles des chats, affutées au moindre son, elle senti une douleur sourde sur sa tempe...un bruit de céramique qui se brise, encore du sang...le sien cette fois.

sa vision se troubla, elle entendit l'autre...elle le savait, il était là...elle ne se trompait jamais, du moins sur ce point là.

il se pressait contre elle, l'enveloppait, l'envahissait... '' non! plus jamais ça!''

elle s'était promis à elle même qu'elle ne le laisserait plus faire... lui qui entrait, la pénétrait...elle le repoussa, elle aurait voulu crier...

sa vision se troublait sous l'émotion, il revenait...

je t'interdit, maudit!

son dernier souvenir était confus, elle le sentait s'introduire, s'immiscer dans son intimité...encore, elle finirait par céder, il gagnait toujours...lui

des mots incompréhensibles sortait déjà de sa bouche, elle qui n'en avait jamais prononcé un seul...elle sentait cette force l'envahir..encore...les incantations fusaient à une vitesse effrayante...ses muscles se tendaient à se rompre, il avait gagné...encore...

au loin elle se souvenait avoir entendu: '' alors mignonne, que va tu faire maintenant avec ta stupide lame, nous sommes trente et tu es seule, moi et mes gars on a envie d'un peu de réconfort! alors maintenant que tu es enfermée avec nous, tu vas gentiment nous le donner! hahahaha!''

il disait vrai, elle allait les réconforter les apaiser...à la seule différence c'est que ce n'est pas elle qui était enfermée avec eux, c'est eux qui allait se retrouver face à lui...

le soleil commençait à poindre dans une fissure du volet, l'aveuglant presque. il l'avait sauvée, ''mais peut on encore appeler ça le salut? '' tous ces gens morts, elle ne les comptait même plus, elle fuyait les grandes villes où sa tête était mise à prix 120 millions de kamas. cependant ils recherchaient un homme, jeune, et elle était une jeune femme, la peau salle et tannée par le vent, elle ne ressemblait pas à un tueur, mais plutôt à une ombre.

elle sorti sur le palier, l'auberge du Crocabulia qui fume ne rouvrirait jamais, les clients ainsi que les propriétaires nourriraient les corbacs et les mulous qui trainaient déjà surement dans le coin, attirés par le sang, cette odeur de fer... '' il était là...derrière ce chêne...il l'observait, mais semblait se tenir à distance.

plus personne à tuer, donc tu te terre hein?!''

elle enfilât un vieux manteau de cuir dix fois trop grand et couvert de sang et de boue....pas le temps de chercher le sien, les soldats du royaumes patrouillaient souvent par ici.

soudain un bruit de sabots.

se cacher vite!!

elle couru à travers les bois, écorchant ses mains, son visage, elle n'était plus à une blessure prêt. au croisement d'un chemin forestier, une demeure singulière se profilât au loin, elle s'y cacherait, le temps que ses blessures guérissent, et peut être même y séjournerait elle quelques semaines...ici ou ailleurs de toute façon, elle n'allait nulle part vu qu'elle ne venait de rien...

illustrations: Jeex-Farfadet (http://jeex-farfadet.blogspot.com/)