Il faisait chaud, très chaud, trop chaud. Je me reposais à l’ombre d’un grand frêne en ce jour de canicule.

_Alors on s’endort au travail ?

C’était mon employeur qui m’adressait la parole.

_Non, non monsieur je me repose juste une seconde avec du lait-lait frais.

_J’te comprends p’tit gars !

Être paysan, quand il fait chaud, ce n’est pas facile. Etant un jeune Osamodas, j’ai essayé plusieurs fois de dresser des bouftous pour qu’ils transportent le blé sur leur dos, mais ils se roulaient par terre ou étaient attaqués par des corbacs et prenaient la fuite. Je rêvais d’aventures comme tous les petits Amakniens.

M’endormant à moitié, je fus tiré de ma somnolence par un hurlement de milimulou. « Pourvu que ce ne soit pas le milimilou enragé » me dis-je.

Il se trouve que depuis quelques jours, une étrange créature très féroce rodait aux alentours de la capitale. Un trool malade avait mordu un milimulou, ce dernier a attrapé la rage et il est venu jusqu'à Astrub. La bête ne me regardait pas avec des yeux sympathiques ! Que devais-je faire ? Prendre la tangente ou risquer ma vie et l’affronter courageusement ? Pour une fois qu’il m’arrivait quelque chose avec lequel je pourrais impressionner les jeunes sadidettes, je choisis la seconde option. Je dégainai mon fouet, prêt à attaquer. Puis, je sifflai un de mes bouftous porteur de blé. Il vint me voir aussitôt et je lui désignais la cible. Le bouftou montra les dents qui lui restaient à la bête féroce.

J’exécutai alors un élancement de la masse corporelle qu’est la mienne vers le haut en une maitrise parfaite pour ensuite reposer mes pieds sur une branche supérieur à ma position d’origine. Pour faire court : je sautai sur une branche d’arbre au dessus de moi.
Le milimulou fut troublé et se concentra sur le bouftou que j’avais aussi dressé au combat avec persévérance.

Le canidé chargea vers la petite boule laineuse, cette dernière s’écarta et le milimilou percuta un arbre de plein fouet : il fut étourdi (le milimulou, pas l’arbre).Mon bouftou profita de son étourdissement pour lui mordre violemment le postérieur gauche ( et puis zut je sais pas ma droite de ma gauche) : la bête émit un jappement aigu qui réveilla un prespic. J’en profitais pour bondir sur l’arbre que le milimulou avait percuté. Je sifflai tous mes tofus voyageurs et je les jetai tous à la suite sur la tête du canidé. Les petits volatiles lui picorèrent violemment la caboche, puis s’en allèrent.

Je ligotais le milimulou, qui était hors d’état de nuire, avec mon fouet et le disposais sur un de mes bouftous direction : la prison.

Non, je ne l’emmenais pas à la boucherie, le boucher étant tellement avide de profit (vous l’avez deviné, il s’appelle Ruel), qu’il aurait vendu n’importe quelle viande, même enragée, au plus commun des astrubéens. De temps en temps, l’Enutrof rendait visite à un de ses jeunes amis qui tenait une auberge en Amakna pour le réapprovisionner en blanquette. Mais bon, passons !

J’avais soudain l’impression qu’une sacrieure habillée avec la légendaire panoplie du Wa Wabbit sur une émeraude orchidée me suivait. Le milicien qui gérait la prison me donna une bourse de 35000K en guise de remerciement, de quoi de m’acheter quelques vêtements solides pour pouvoir voyager et peut-être pourrais-je quitter ma petite vie minable et le métier de paysan.

Je sortis de la prison avec le sourire aux lèvres et entendis des claquements de mains provenant d’une seule et unique personne : la sacrieure qui me suivait.

_Bravo petit osa ! Bravo ! Tu t’es très bien débrouillé ! Mais à qui ai-je l’honneur de parler ?

_Flambius pour vous servir votre seigneurie sanguinaire ! Rétorquais-je en m’inclinant.

_Voyons ! Voyons mon petit ! Je ne suis pas Allister, redresse-toi donc ! J’exécutais son ordre.

_Quand j’ai vu comment tu as vaincu ce milimulou, c'est-à-dire avec malice et perspicacité, j’ai tout de suite pensé que tu pouvais rejoindre notre groupe d’aventuriers et partir à la recherche des dofus avec nous.

A suivre….