Je reposai doucement mon verre, et me rendis compte après cinq bonnes minutes, que demain l’aventure allait vraiment commencer.
Nous montâmes nous coucher et je continuai à penser.
Cet entrainement m’avait paru passer à une vitesse folle, au point que j’en arrivais presque à le regretter…

Le lendemain matin, nous nous réveillâmes aux aurores, et nous prîmes le zaap en direction d’Astrub.
Doucement mais sûrement, nous prenions la direction de la Forêt des Abraknydes. Dès que nous y pénétrâmes, une sensation de froid et d’insécurité nous enveloppa tous.

Les arbres étaient noueux, et une odeur d’humidité m’attaqua violemment les narines. Le feuillage était très épais et très sombre, si bien qu’il ne laissait passer presque aucun rayon de soleil.
La première chose qui nous frappa, fut un arbre, arraché, qui gisait lamentablement au milieu du chemin.

Nous vîmes ensuite des empreintes de pas énormes, puis je jetais un regard inquiet à Hametsu, qui comprit ce que je voulais dire…
Nos dragodindes n’étaient pas rassurées non plus, et ne cessaient de jeter des regards furtifs en haut, en bas, à gauche, à droite, cette année-la…

Bref plus nous pénétrions dans la forêt, plus le froid s’intensifiait et la lumière se faisait rare.
Une légende sur cette forêt, qui avait été colportée par les quelques chanceux qui avaient réussi à en sortir, était que les arbres changeaient continuellement de place, discrètement, mais sans interruption.
Ce qui engendra la disparition et la folie de beaucoup d’aventuriers, et c’est pour cela que les cartes qui indiquent un chemin à travers cette forêt se trompent lourdement…

Aussi étrange que cela puisse paraître, nous voulions rester sur la piste de cette créature, car nous nous doutions qu’il se dirigeait vers l'Antre du Chêne Mou, et donc vers la position potentielle du Dofus Turquoise.
S’il ne se trouve pas là, la légende raconte que l’œuf se trouverait donc au fin fond du Labyrinthe du terrible Dragon Cochon…
Pour suivre la piste du monstre, nous suivions les arbres arrachés, ou, s’il n’y en avait plus, nous nous fiions aux souches violemment séparées de leur "corps".
Les arbres morts ne pouvant plus bouger, nous étions sûrs d’arriver quelque part…

Je réalisai soudain que les bruits étaient quasiment inexistants où nous nous trouvions, tandis que si nous nous écartions de notre piste, les champs-champ batifolaient et les tofus gazouillaient.

Ce silence était oppressant, accentué par l’obscurité qui se faisait de plus en plus profonde.
Fecatou nous confectionna donc des torches pour remédier à ce problème.
De temps à autre, nous voyions un cercle d’arbres déracinés, avec l’herbe en leur centre aplatie : ces endroits avaient servi de campement à la bête.

Enfin, nous arrivâmes brusquement dans une clairière illuminée, avec un arbre gigantesque et incroyablement noueux, avec, tout en haut, une pierre verte encastrée dans le bois qui luisait...
Nous étions tellement fascinés par ce végétal, que ce fut un craquement sourd de bois qui nous tira de notre rêverie.

En effet, la créature massive se battait avec une bonne douzaine d’abraknydes en même temps, et de toutes les sortes.
Le monstre était encerclé par tous ces arbres vivants.

Soudain l’arbre gigantesque s’anima, deux énormes yeux s’ouvrirent sur l’écorce, il trembla de toutes ses feuilles et fit sortir ses racines de terre

Deux petites branches avec une feuille au bout sortirent de terre à leur tour, surement appelées par le grand arbre.

Avec toute cette agitation, l’arbre fit tomber des feuilles et des fruits, en observant les feuilles, j’en conclus que c’était un chêne, bois résistant et solide, et en le voyant se tortiller de la sorte, j’en déduisit que c’était le fameux Chêne Mou, là, devant nos yeux ébahis…

A suivre…